Tiphaine Rivière, Carnet de thèse.

Nul besoin de connaître les arcanes de l’université, ni de faire ou d’avoir fait une thèse, ni même d’être prof pour apprécier ce roman graphique dans lequel Tiphaine Rivière raconte un passage douloureux de sa vie. Elle se représente sous les traits de Jeanne, jeune prof de collège qui n’en peut plus. Une porte de sortie s’offre à elle quand elle apprend qu’elle est acceptée en thèse (sans financement). Elle saute de joie, se promet de finir son travail en 3 ans. Elle est loin d’imaginer qu’elle va vivre un enfer, que sa vie va être chamboulée. Son travail qui porte sur « le motif labyrinthique dans la parabole de la loi du Procès de Kafka » n’aurait su être mieux choisi car elle va se retrouver dans un univers administratif absurde où il manque toujours le bon formulaire, quand il ne faut pas le faire en 8 exemplaires. Absurde aussi le fait de refaire des fiches sur des livres déjà lus et mis en fiche, de penser que le travail ne sera jamais fini. Elle revisite le mythe de Sisyphe.

Le portrait que fait l’auteur du monde universitaire est évidemment à charge entre le directeur de thèse fuyant, fatigué de ses étudiants, les professeurs égocentriques et surtout ce travail de recherche qui semble tellement vain et dont l’exercice n’est aucunement créatif mais consiste à se conformer à une norme.

L’ensemble est servi par un dessin agréable, fluide très expressif. Par exemple l’évolution de Jeanne est traduite par son changement physique au fil de la BD. De plus l’auteur prend au pied de la lettre plusieurs expressions imagées. Ainsi, lors du buffet qui suit un colloque auquel elle participe, Jeanne ne parvient pas à nouer un contact avec son directeur de thèse qui bavarde avec d’autres personnes. Jeanne devient littéralement une plante verte en pot dont personne ne se préoccupe. De même, toujours lors de ce colloque, après son exposé, Jeanne qui attend les questions du public est représentée comme une guerrière armée, seule dans un paysage désolée et hostile prête à combattre une horde de soldats.

C’est très drôle, bien vu et souvent touchant.

Quelques blog sur le sujet (cité par T.Rivière)+ le blog de l'auteure:

https://lebureau14delasorbonne.wordpress.com/

http://lapinobservateur.over-blog.com/

http://hypotheses.org/20726

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